Acteur pornographique

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Riley Steele, Stoya, BiBi Jones, Kayden Kross et Jesse Jane, des actrices du studio Digital Playground, à l'AVN Adult Entertainment Expo de 2012.

Les acteurs et actrices pornographiques, parfois appelés « acteur ou actrice X » ou encore « hardeur » ou « hardeuse », sont les personnes se livrant à des actes sexuels non simulés dans le cadre d'un film pornographique.

Les législations de certains pays les considèrent comme des travailleurs du sexe, car faisant commerce de leur corps. Certains acteurs X se sont spécialisés dans des créneaux définis : homosexualité, bondage, sodomie, double pénétration, interracial, MILF, etc.

Photographies d'un film érotique autrichien, vers 1906, par le photographe Johann Schwarzer.

Histoire du film pornographique[modifier | modifier le code]

Les films pornographiques sont apparus dès l'époque du cinéma muet. Jusqu'en 1969, ces films, destinés à une diffusion clandestine -notamment dans des maisons closes - sont réalisés et interprétés par des anonymes. La sortie de la clandestinité du cinéma pornographique, progressivement autorisé dans l'ensemble des pays occidentaux, va permettre l'émergence d'une forme de « star system », la promotion de ces films reposant souvent sur la popularité de leurs vedettes.

Années 1970[modifier | modifier le code]

La première femme à avoir été considérée comme une star du X est Linda Lovelace à la suite de sa participation au film Gorge profonde (Deep throat, 1972). Le succès de ce film, qui engrangea des recettes record, engendra bien d'autres films et de nouvelles « stars » comme Marilyn Chambers (dans Derrière la porte verte), Gloria Leonard (dans The Opening of Misty Beethoven), Georgina Spelvin (dans The Devil in Miss Jones), Tina Russell, Leslie Bovee, Sharon Mitchell, Colleen Brennan, Careena Collins, Sharon Kane, Constance Money, Linda Wong, Bambi Woods (dans Debbie Does Dallas).

En France, le documentaire Exhibition (Jean-François Davy, 1975) apporte un éclairage original sur la pornographie et révèle l'actrice Claudine Beccarie ; Exhibition est le premier film pornographique français. Les principales stars de cette période ont été Sylvia Bourdon, Brigitte Lahaie, Karine Gambier et Barbara Moose. Chez les hommes, ce sont Richard Allan, Jean-Pierre Armand, Alban Ceray, Gabriel Pontello, Charlie Schreiner ou Jean-Louis Vattier qui figurent dans la plupart des films de cette époque. Leur carrière s'arrêtera au début des années 1980.

Années 1980[modifier | modifier le code]

Cette période est qualifiée d'« âge d'or de la pornographie », au début des années 1980. Les principaux protagonistes de cette époque sont Kay Parker, Seka, Ginger Lynn, Annette Haven, Veronica Hart, Desiree Cousteau, Vanessa del Rio, Savannah, Traci Lords, Nina Hartley ou encore Hyapatia Lee. On note que les acteurs masculins sont moins connus que leurs collègues féminins mais certains d'entre eux font exceptions comme Jamie Gillis et John Leslie.

En France, les stars étaient Marilyn Jess, Olinka Hardiman, Colette Choisez, Dominique Saint Claire, Élisabeth Buré (active de 1975 à 1983) et Mina Houghe (active en 85 et 86)

Années 1990[modifier | modifier le code]

Le développement des technologies de support comme les cassettes vidéo VHS puis le DVD, permit l'accès au grand public des films pornographiques dans le cadre de la vie privée, en quittant le milieu restreint des cinémas X. La qualité des productions déclina généralement pour répondre à une demande continuellement croissante. Il existe plusieurs centaines de studios qui produisent des dizaines de milliers de films chaque année, et plusieurs milliers de personnes travaillent comme acteur ou actrice pornographiques.

La capacité de production commençant à saturer le marché du film pornographique, les pratiques évoluèrent vers des pratiques jusqu'ici plus confidentielles, comme la sodomie, le BDSM, les pénétrations multiples, etc. Certaines de ces pratiques furent incorporées aux films pornographiques plus conventionnels, créant une nouvelle norme de pratiques sexuelles. D'autres studios se sont tournés vers un système à longue traîne, se spécialisant dans la réalisation de fantasmes plus spécifiques et ne touchant qu'un nombre limité d'amateurs, mais en diversifiant leur offre afin d'occuper ces niches commerciales. Certains studios japonais se sont ainsi spécialisés dans ce type de marché, proposant aux consommateurs de signaler les fantasmes qui les intéressent, le studio réalisant les films ensuite. Les acteurs et actrices les plus recherchés devinrent donc ceux qui incorporaient ces pratiques à leur répertoire de jeu d'acteur.

Années 2000[modifier | modifier le code]

L'internet et le web vont changer la donne, les films X sont téléchargés illégalement et parallèlement le paiement se met en place sur des sites web pour voir des films. Tout cela donne accès à un plus large public international. Les actrices X sont rapidement propulsées « starlette » par le web. Les amateurs deviennent aussi des stars avec leur webcam. Mais les Américaines dominent toujours le marché comme Jenna Haze, Tory Lane, Brooke Haven, Sasha Grey et bien d'autres. Parmi les acteurs et actrices françaises s'étant fait connaître depuis les années 2000, on compte Titof, Katsuni, HPG, Melissa Lauren, Ovidie, William Le Bris, ou plus récemment Anissa Kate.

Santé[modifier | modifier le code]

En raison de la nature de leur métier et des rapports sexuels rarement protégés, les acteurs et actrices porno sont particulièrement vulnérables au SIDA et autres maladies sexuellement transmissibles ; le port du préservatif est généralement obligatoire si les films sont destinés à la télévision (France, États-Unis…).

Dans les années 1980 aux États-Unis, le SIDA tue plusieurs acteurs et actrices érotiques, notamment John Holmes et Lisa De Leeuw. C'est alors qu'est créée l'Adult Industry Medical Health Care Foundation (en). Cette fondation met en place des tests de séropositivité mensuels et a demandé que chaque rapport soit répertorié. Ainsi, aujourd'hui aux États-Unis, un éventuel séropositif peut-il être identifié, contacté et à nouveau expertisé sous trois à six mois. Les taux de transmission du VIH s'avérèrent relativement bas et, entre 2000 et 2004, aucun cas de transmission ne fut relevé. En 2004, l'acteur Darren James a été contrôlé positif au VIH. Une de ses anciennes partenaires de scène, Lara Roxx, fut à son tour testée positive. James aurait eu des rapports avec douze autres actrices.

En France, les MST seraient moins présentes, l'utilisation de préservatifs s'étant très vite imposée dans les plus grandes productions. L'actrice Ovidie présente d'ailleurs la différence française sur ce point dans son livre Porno Manifesto[1].

Starisation[modifier | modifier le code]

Un certain nombre d'actrices (et un nombre plus limité d'acteurs) ont acquis une véritable célébrité qui dépasse parfois leur domaine. Les films ou les images de ces actrices sont recherchés par les amateurs qui constituent notamment des sites de fans. Ces actrices ont d'ailleurs souvent leur propre site web (en grande partie payants) et participent à des manifestations publiques (salons de l'érotisme…) où elles peuvent rencontrer leurs admirateurs. Certaines actrices parviennent ainsi à mener des carrières qui s'étalent sur plus d'une dizaine d'années.

La notoriété de ces acteurs et actrices déborde parfois du milieu pornographique, en participant à des émissions télévisées ou radiodiffusées grand public ou en entamant une carrière dans d'autres domaines du show business. Ainsi l'acteur Rocco Siffredi a tourné dans des films plus classiques comme le Romance de Catherine Breillat, et certaines actrices se sont tournées vers la chanson, comme Catherine Ringer ou Clara Morgane.

Selon Matthieu Dubost « on ne saurait confondre ces prestations. Lorsque Rocco Siffredi joue pour Catherine Breillat, il le fait avec un souci de composition qui, quoi qu'on en pense, échappe à la caricature pornographique qui définit l'acteur du X »[1].

Ken Shimizu détient un record du monde, avec plus de 7500 films tournés, où plus de 8000 actrices ont participé à une scène de pénétration[2],[3].

Revenus[modifier | modifier le code]

Différences entre hommes et femmes[modifier | modifier le code]

Le niveau de salaire varie fortement entre les actrices et les acteurs pornographiques. D'après une enquête de CNBC, « la balance des salaires penche certainement en faveur des femmes », ce qui s'explique notamment par le fait que le salaire d'un acteur ne varie pas en fonction de la configuration de l'acte sexuel, contrairement à celui d'une actrice ; ainsi, le revenu moyen aux États-Unis d'une actrice pour une scène classique se situe entre 800 et 1 000 dollars, suivant le budget du studio ; pour un acteur dans la même situation, il se situe entre 500 et 600 dollars par scène ou par jour[4].

D'après Grégory Dorcel, directeur général de Marc Dorcel, « les hommes sont payés la moitié des actrices, en général. C'est paradoxal, car un film X ne pourrait pas exister sans 'performeur', sans acteur… Mais les films sont achetés pour la beauté des actrices, pas des acteurs. Les premiers rôles sont féminins »[5].

D'après l'actrice Katsuni, « le cachet d'un acteur porno est 25-30 % moins élevé (parfois même deux fois moins élevé) que celui de sa collègue même si celle-ci débute dans le métier alors que celui-ci pourra avoir dix ans de carrière derrière lui. [...] Même si les mentalités évoluent et le marché du X avec, un film porno est un produit de divertissement encore essentiellement consommé par les hommes et même le public composé de femmes est aussi très sensible au casting féminin d'un film X. La femme est donc l'argument qui fait vendre. Elle est la source du fantasme, sa représentation, l'image que l'on veut voir mais aussi la personnalité que l'on souhaite éventuellement connaître »[6].

Récompenses[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Autobiographies[modifier | modifier le code]

Biographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Dian Hanson et Vanessa del Rio, Vanessa del Rio : Fifty Years of Slightly Slutty Behavior, Taschen, 2007 (ISBN 978-3-8228-4651-3).
  • Rocco Siffredi, Rivituso Alessio et Catherine Siné, Rocco raconte Rocco, 2006, ADCAN.
  • Matthieu Dubost, La tentation pornographique : Réflexions sur la visibilité de l'intime, 2006, Ellipses.
  • François Jouffa, Tony Crawley, L'Âge d'or du cinéma érotique et pornographique, 2003, Ramsay.
  • Le Cinéma X (Sous la direction de Jacques Zimmer), 2002, La Musardine.
  • Dolly Golden, Le Meilleur des perles du X, 2001, Michel Lafon.
  • Christophe Bier, Jacquet Christian de Gosselies Censure-moi. Histoire du classement X en France, 2000, L'Esprit frappeur.
  • Gérard Lenne, Erotisme et cinéma, 1998, La Musardine.
  • (en) Legs McNeill, Jennifer Osborne, Peter Pavia, The Other Hollywood : The Uncensored Oral History of the Porn Film Industry, Regan Books, Harper Collins, 2004 (ISBN 978-0-0600-9660-1).
  • (en) Annie Sprinkle, Post-Porn Modernist : My 25 Years as a Multimedia Whore, Cleis Press, 1998 (ISBN 978-1-5734-4039-4)
  • Anthony Sitruk, Pornstar, 2013, La Musardine.
  • Collectif, L'enfer vu du ciel - Julia Channel, Paris, Blanche, , 221 p. (ISBN 2846281912)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b cf. Matthieu Dubost, La tentation pornographique – réflexions sur la visibilité de l'intime, 2005
  2. showbiz
  3. interview
  4. (en) Chris Morris, « Porn's dirtiest secret: What everyone gets paid », sur CNBC.com, (consulté le ).
  5. Allyson Jouin-Claude, « Salaires, statistiques... ce que vous ignorez sur l'industrie du porno (10 PHOTOS) », sur programme-tv.net, (consulté le ).
  6. Katsuni, « Le porno, ce milieu où les femmes gagnent plus que les hommes », sur leplus.nouvelobs.com, (consulté le ).
  7. feminist porn awards[1].

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]