Anastase Mikoïan

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Anastase Mikoïan
Анастас Микоян
Անաստաս Միկոյան
Illustration.
Anastase Mikoïan le .
Fonctions
Vice-président du Conseil des ministres de l'Union soviétique

(9 ans, 4 mois et 17 jours)
Premier ministre Nikolaï Boulganine
Nikita Khrouchtchev
Prédécesseur Lazare Kaganovitch
Successeur Mikhaïl Pervoukhine (en)
Président du Præsidium du Soviet suprême de l'URSS

(1 an, 4 mois et 24 jours)
Prédécesseur Léonid Brejnev
Successeur Nikolaï Podgorny
Membre du Politburo

(31 ans et 7 jours)
Biographie
Nom de naissance Anastase Ivanovitch Mikoïan
Date de naissance
Lieu de naissance Drapeau de l'Empire russe Sanahien, Gouvernement d'Elisavetpol, Empire russe
Date de décès (à 82 ans)
Lieu de décès Drapeau de l'URSS Moscou, Russie, URSS
Nationalité Drapeau de l'Arménie Arménien / Drapeau de l'URSS Soviétique
Parti politique PCUS
Fratrie Artem Mikoïan (frère)
Enfants Sergo Mikoïan (fils)
Profession Diplomate
Mikoïan, Staline et Ordjonikidze en 1925.

Anastase Ivanovitch Mikoïan, ou Mikoyan (en arménien : Անաստաս Հովհաննեսի Միկոյան, Anastas Hovhannesi Mikoyan ; en russe : Анастас Иванович Микоян), né à Sanahin (Arménie) le 13 novembre 1895 ( dans le calendrier grégorien) et mort à Moscou le , est un homme d'État soviétique.

Mikoïan a effectué d'importants voyages diplomatiques clefs à Cuba, allié de l'URSS, ainsi qu'aux États-Unis. Ses différents déplacements lui permettent d'acquérir un statut important sur la scène diplomatique internationale. Il est le frère du concepteur d'avions Artem Mikoïan.

Biographie[modifier | modifier le code]

Issu d'une famille arménienne modeste, il étudia la théologie et se destina tout d'abord à la prêtrise, comme Staline. Durant la Première Guerre mondiale, il abandonna cette voie et adhéra au POSDR (tendance bolchévique) en 1915[1].

Il participa à la révolution d'Octobre dans le Caucase. Pendant la guerre civile, il fut arrêté par l'armée britannique à Bakou ; il parvint à s'évader et à gagner Moscou où il rejoignit Lénine et les autres dirigeants bolcheviks.

Il devint membre du Comité central à partir de 1923. Après la mort de Lénine, il fut l'allié de Staline. Il occupa ensuite des postes de Commissaire du Peuple pour le Commerce intérieur et international et œuvra pour le développement de l'industrie alimentaire. Il participa également à la dékoulakisation, dirigeant personnellement des expéditions en campagne[2]. En 1935, il fut élu au Politburo. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fit partie du Comité de Défense d'État avec la responsabilité des questions de logistique.

Le , avec les autres membres du bureau politique, il est cosignataire du décret préparé par Beria, qui donne lieu au massacre de Katyń, où sont assassinés environ 25 700 Polonais, dont 14 700 officiers[réf. nécessaire].

Après la guerre, lui et Molotov tombèrent en disgrâce, subissant probablement là les conséquences d'une trop grande longévité au sein de l'appareil communiste. Lors du XIXe congrès du PCUS, en , ils furent violemment attaqués par Staline, et n'eurent probablement la vie sauve que grâce à la mort du dictateur en . Staline fit arrêter deux de ses fils.

Après avoir occupé différents postes élevés au gouvernement — il fut notamment ministre du Commerce de Malenkov —, il soutint pourtant Khrouchtchev contre Malenkov et devint vice-premier ministre de 1955 à 1957, puis de 1958 à 1964.

Il effectue une visite d'État à Cuba en , alors que les États-Unis mettaient en place un dispositif de sanctions économiques bientôt suivi d'un embargo, et signe plusieurs accords commerciaux avantageux pour le l'ile caribéenne[3].

En 1964, après la chute de Khrouchtchev, il fut élu président du Présidium du Soviet suprême, c'est-à-dire chef de l'État en titre, jusqu'en 1965.

Il écrivit ses mémoires en 1970. Son épouse est décédée en 1962.

Vie privée et personnalité[modifier | modifier le code]

Simon Sebag Montefiore le décrit comme « mince, réservé, astucieux et travailleur […] extrêmement intelligent et caustique »[1]. Il était très proche de Staline, qu’il ne craignait pas de contredire[1], et mangeait fréquemment chez lui. Leurs enfants respectifs jouaient souvent ensemble, et Staline surnommait ceux de Mikoïan les « Mikoïantchik »[4]. Anastase était un père très strict, qui tenait à son rang de membre du Politburo, et reprochait à sa mère de « s’oublier » quand elle prenait ses petits-enfants dans ses bras[5]. Il comprenait l’anglais et avait appris l’allemand en autodidacte, traduisant Das Kapital en 1931[1]. Il était également bon danseur, notamment de lezginka, gopak et polka[6].

Publication[modifier | modifier le code]

  • Une vie de lutte, traduit du russe sous la direction de Mireille Lukoševicius, Éditions du Progrès, 1973 (486 p.)

Apparitions dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Dans l'album d'Edgar P. Jacobs SOS Météores, parmi les diverses allusions antisoviétiques de la bande dessinée, on peut noter que le physique du général de la base météorologique perturbant le climat est directement inspiré des traits d'Artem Mikoïan[7].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Principaux titres et décorations, classés par ordre de préséance :

Entre 1933 et 1958, le village d'Oktiabrski au Kamtchatka s'appelait imeni Mikoïan (littéralement « du nom de Mikoïan »).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I, p. 148.
  2. Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I, p. 86.
  3. Hernando Calvo Ospina, « La France fut le meilleur espion des États-Unis à Cuba », sur Club de Mediapart, .
  4. Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I, p. 123.
  5. Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I, p. 125.
  6. Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I, p. 149.
  7. René Nouailhat, Jacobs, la marque du fantastique : mythologie, politique et religion dans la bande dessinée Blake et Mortimer, Mosquito, Scéren, , 182 p. (ISBN 2-908551-61-6, BNF 39118102), p. 151.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Simon Sebag Montefiore (trad. de l'anglais par Florence La Bruyère et Antonina Roubichou-Stretz), Staline : La cour du tsar rouge, vol. I. 1929-1941, Paris, Éditions Perrin, , 723 p. (ISBN 978-2-262-03434-4). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens externes[modifier | modifier le code]