Ben Bernanke

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Ben Shalom Bernanke[1], né le à Augusta, Géorgie, (États-Unis), est un économiste américain, du courant de la nouvelle économie keynésienne[2].

Il est président de la Réserve fédérale des États-Unis durant deux mandats jusqu'au , où il laisse sa place à Janet Yellen. Il reçoit le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel en 2022.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et études[modifier | modifier le code]

Ben Bernanke naît à Augusta, dans l'Etat de Géorgie. Il a des racines austro-hongroises et juives[3]. Il est diplômé du lycée Dillon, dans l'État de Caroline du Sud, en 1971, et se classe premier de sa promotion[4]. Il est admis à l'université Harvard et obtient sa licence en 1975.

En 1979, il obtient un doctorat en économie au MIT. Sa thèse, dirigée par Stanley Fischer[5] est intitulée « Long-term commitments, dynamic optimization, and the business cycle » (en français Les engagements de long terme, l'optimisation dynamique et le cycle économique). Il a étudié sous la férule de Peter Diamond, prix Nobel 2010[6].

Parcours professoral[modifier | modifier le code]

Ben Bernanke est recruté à l'université Stanford dès la fin de son doctorat, en 1979. Il y enseigne la théorie monétaire jusqu'en 1985. À partir de cette date, il enseigne comme professeur à l'université de Princeton, dont il préside le département d'économie de 1996 à .

Au début de sa carrière, il a donné des cours à la London School of Economics, et a été professeur invité à l'université de New York.

Il obtient le avec Douglas Diamond et Philip Dybvig le Prix Nobel d'économie grâce à leur travail sur les banques et les crises financières[7],[8].

Parcours professionnel[modifier | modifier le code]

Il est nommé en 2002 au conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale. Il est ensuite nommé président du Conseil économique de la Maison-Blanche (Council of Economic Advisers ou CEA).

Le , George W. Bush nomme Ben Bernanke à la tête de la Réserve fédérale américaine, poste qu'il occupe pendant huit ans, du au . À cette date, Janet Yellen lui succède à ce poste.

Le , il est nommé personnalité de l'année 2009 par le magazine américain Time[9] pour avoir, selon le mensuel, sauvé les États-Unis du désastre financier[10] et « huitième personne la plus puissante du monde » par le magazine Forbes[11] en 2010. Il a notamment aidé à ce que la récession ne dégénère pas en dépression économique en injectant des centaines de milliards de dollars et en dégrisant le marché de crédit des prêts toxiques qui avaient conduit à la crise[12]. Sa politique d'assouplissement quantitatif fait passer le bilan de la FED de 800 milliards de dollars à plus de 4 000 milliards.

Après son départ de la Fed, Ben Bernanke devient « senior fellow » à la Brookings Institution, un think-tank basé à Washington. Donnant des conférences, il prépare la rédaction de ses mémoires[13]. En 2015, il rejoint le comité d'investissement du fonds à risque Citadel Investment Group[14]. Il a également rejoint, en tant que conseiller, le fonds obligataire Pimco[15].

Au plan universitaire, il a été directeur du programme économique monétaire du bureau national de la recherche économique et éditeur de l'American Economic Review[16].

Apports[modifier | modifier le code]

Canaux de transmissions de la politique monétaire[modifier | modifier le code]

Il est connu pour ses travaux de macroéconomie. Ses principaux articles portent sur la politique monétaire, et plus précisément sur les canaux de transmissions de la politique monétaire. Dans sa publication de 1992 avec Alan Blinder, il soutient que l'extension du crédit était plus importante que la création monétaire sur la même période.

Crises économiques[modifier | modifier le code]

Historien de l'économie, il a publié des articles sur les crises économiques et notamment sur la crise de 1929.

Grande modération[modifier | modifier le code]

Ben Bernanke a joué un rôle majeur dans le développement du concept économique de grande modération, selon lequel les cycles économiques auraient vu leur amplitude et intensité diminuer depuis les années 1990, du fait, notamment, d'un perfectionnement des politiques publiques et monétaires[17].

Prises de positions[modifier | modifier le code]

Déséquilibres macroéconomiques européens[modifier | modifier le code]

Il affirme que le déficit commercial des pays de la zone euro les détruit : « les déséquilibres persistants sont malsains, car ils conduisent à des déséquilibres financiers et à une croissance déséquilibrée ». Il écrit que « l'excédent commercial de l'Allemagne est un problème ». Selon lui, « le fait que l'Allemagne vend beaucoup plus qu'elle n'achète, redirige la demande vers ses voisins (ainsi que vers d'autres pays du monde), ce qui réduit la production et l'emploi en dehors de l'Allemagne »[18].

Réaction de la Fed en 2007[modifier | modifier le code]

Dans ses Mémoires, il revient sur la crise financière mondiale débutant en 2007 et admet ne pas avoir réalisé assez vite la gravité de la situation tout en jugeant l'action de la Fed globalement bonne[19].

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Ben Bernanke, Mémoires de crise, le patron de la FED raconte, Édition du Seuil, 2015
  • (en) Ben S. Bernanke, « Nonmonetary effects of the financial crisis in the propagation of the Great Depression », American Economic Review, vol. 73, no 3,‎ , p. 257–276 (DOI 10.2307/1808111)
  • (en) Ben Bernanke, Alan Blinder, « The federal funds rate and the channels of monetary transmission », American Economic Review, vol. 82, no 4,‎ , p. 901–921 (DOI 10.2307/2117350)
  • (en) Ben Bernanke, Mark Gertler, « Inside the Black Box: The Credit Channel of Monetary Policy Transmission (in Symposia: The Monetary Transmission Mechanism) », The Journal of Economic Perspectives, vol. 9, no 4,‎ , p. 27-48.
  • (en) Andrew B. Abel et Ben S. Bernanke, Macroeconomics, Boston, Addison Wesley, , 4e éd., 630 p. (ISBN 978-0-201-44133-8, LCCN 00038105)
  • (en) Ben Bernanke, Essays on the Great Depression, Princeton, Princeton University Press, , 1re éd., 320 p. (ISBN 978-0-691-11820-8)
  • (en) Ben Bernanke, Thomas Laubach, Frederic Mishkin et Adam Posen, Inflation Targeting : Lessons from the International Experience, Princeton, Princeton University Press, , 2e éd., 382 p., poche (ISBN 978-0-691-08689-7, LCCN 98039632, présentation en ligne)
  • (en) Ben S. Bernanke et Robert H. Frank, Principles of Macro Economics, Boston, McGraw Hill, , 3e éd. (ISBN 978-0-07-319397-7, LCCN 2005054445)
  • Mémoires de crise [« The Federal Reserve and the Financial Crisis »], trad. d’Anatole Muchnik, Johan-Frédérik Hel Guedj, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Documents H.C. », 2015, 640 p. (ISBN 978-2-02-123154-0)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le prénom de Bernanke est Ben pas Benjamin; ce n'est pas une abréviation. (ref: "Big Ben", Slate, 24 octobre 2005) Bernanke's middle name is Shalom. https://georgewbush-whitehouse.archives.gov/news/nominations/106.html
  2. http://ideas.repec.org/p/nbr/nberwo/6455.html Bernanke ne modélise que dans un environnement nouveau keynésien (New Keynesian Models - NKM) dont il fait l'éloge.
  3. « Dans son discours du , lors de la présentation de l'Ordre du Palmetto à Dillon en Caroline du Sud, il dit avoir fréquenté, lui et sa famille, la petite synagogue de Dillon »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  4. Wessel, David (2009), In Fed We Trust: Ben Bernanke's War on the Great Panic, New York: Crown Business, p. 70.
  5. Thèse de Ben Bernanke
  6. Le prix Nobel d'économie récompense les théoriciens du marché du travail
  7. « tweet du compte officiel des prix nobel », sur Twitter (consulté le )
  8. « Prix «Nobel» d'économie: le trio Ben Bernanke, Douglas Diamond et Philip Dybvig récompensé », sur l'Opinion, (consulté le )
  9. (en) Ben Bernanke - Person of the Year 2009
  10. En même temps, il est notoire que le chômage ne baisse pas aux États-Unis et que finalement seule la bourse a repris de la vigueur.
  11. (en) « World's Most Powerful People », Forbes,‎ (lire en ligne)
  12. Pierre-Yves Dugua, « Ben Bernanke, la banque centrale qui a ouvert en grand les vannes de la FED », Le Figaro, jeudi 19 décembre 2014, encart « Économie », jeudi 19 décembre 2013, page 24.
  13. « La nouvelle vie de l'ex-président de la Fed », Le Figaro, encart « Culture », jeudi 27 février 2014, page 35.
  14. L'ex-directeur de la Fed embauché par un hedge fund, Challenges, 16 avril 2015
  15. Anne Bodescot, « BlackRock recrute l'ancien ministre des Finances britannique », lefigaro.fr, 22 janvier 2017.
  16. (en) American Economic Review
  17. Stéphane Dees, Macroéconomie financière, Dunod, (ISBN 978-2-10-079284-9, lire en ligne)
  18. (en-US) Ben S. Bernanke, « Germany’s trade surplus is a problem », Brookings,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. Fed : les confessions de Ben Bernanke, 5 octobre 2015

Liens externes[modifier | modifier le code]