Galalithe

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Boutons blancs de la RAAF pré-1953 en galalithe blanche[1].

La galalithe (litt. « pierre de lait », du grec ancien γάλα / gála, « lait », et λίθος / líthos, « pierre ») est un polymère thermodurcissable issu de la caséine.

Historique[modifier | modifier le code]

En 1893, Auguste Trillat (père de Jean-Jacques Trillat), un scientifique français, trouve le moyen d'insolubiliser la caséine (protéine du lait) en y rajoutant du formol qui garantit donc sa conservation[2]. En 1897[3], la découverte est brevetée en Allemagne par Wilhelm Krische (de) et le chimiste suisse Adolf Spitteler (de) (1846-1940) sous le nom de galalithe. Son procédé d'obtention a été affiné au début du XXe siècle.

La caséine représente environ trente grammes de matière par litre de lait[4].

Fabrication[modifier | modifier le code]

En mélangeant la caséine à du formol et éventuellement à divers colorants, on a donc obtenu la première matière plastique de synthèse[5], qui a été largement utilisée au début du XXe siècle dans la fabrication de boutons, bijoux, stylos, fume-cigarettes[3], matériel électrique[6], et a fourni un substitut meilleur marché à l'ivoire pour les claviers de piano et d'harmonium.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

La galalithe, dure et soyeuse, se travaille manuellement. Elle ne se moule pas, elle se présente en plaques de différentes épaisseurs, en bâtons, ou en tubes. Elle requiert un travail de polissage mécanique ou manuel pour arriver à un aspect brillant.

De plus, la galalithe, tout en étant ininflammable dans les conditions habituelles de température et de pression, est un polymère anallergique, antistatique et biodégradable.

Utilisation[modifier | modifier le code]

Photographie d'objets divers en galalithe.
Objets divers faits en galalithe (1921).

Elle fut beaucoup utilisée à partir de 1917-1918 dans les confections de guerre, comme alternative au celluloïd notamment pour la fabrication de boutons, ou d'isolants électriques, puis dans les années 1920-1930 pour réaliser des bijoux. Les établissements Auguste Bonaz[7] à Oyonnax en France et Jakob Bengel (de)[8] en Allemagne furent les deux grands utilisateurs de cette matière pour réaliser de magnifiques et typiques bijoux Art déco.

Il reste cependant quelques boutonniers et un créateur de bijoux qui l'utilisent encore. En effet ses qualités sont là : biodégradable, anallergique, antistatique mais surtout sa grande possibilité d'être teinte, il est possible qu'elle refasse son apparition[9].

Aujourd'hui, la galalithe est employée pour imiter l'ivoire car son aspect est assez proche.

La galalithe est aussi utilisée pour le tournage de stylos artisanaux.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le bouton en haut à gauche présente des craquelures car il a été chauffé durant le nettoyage.
  2. Service des Archives de l'Institut Pasteur, « Auguste Trillat (1861-1944) », sur pasteur.fr.
  3. a et b Laurent Cauwet, Les 100 mots des « Arts déco », Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », (lire en ligne), p. 91-92.
  4. Geneviève Di Costanzo, « CASÉINE », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  5. Matériaux pour l'ingénieur, Presses des MINES, , 390 p. (ISBN 978-2-911762-68-0, lire en ligne), p. 32.
  6. « La Croix », sur Gallica, (consulté le ).
  7. « Auguste Bonaz (1877-1922) - Bijoux en galalithe », sur www.schoenlaub-galalith.com (consulté le ).
  8. « Jakob Bengel - Bijoux en galalithe », sur www.schoenlaub-galalith.com (consulté le ).
  9. (en-US) « [CONFÉRENCE] Marion Seignan, designer : Du lait à la pierre, de la galalithe au développement de nouveaux biomatériaux », sur ARTS EN FAC, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]