Jacques-Guillaume Legrand

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Jacques-Guillaume Legrand
Présentation
Naissance
Paris
Décès (à 54 ans)
Saint-Denis
Nationalité Drapeau de la France France
Activités Architecte
Formation Jacques-François Blondel
Charles-Louis Clérisseau
Jean-Rodolphe Perronet
Œuvre
Réalisations Halle aux blés
Halle aux draps
Théâtre Feydeau
Abbaye de Saint-Denis
Publications Essai sur l'histoire générale de l'architecture
Entourage familial
Famille Charles-Louis Clérisseau (beau-père)

Jacques-Guillaume Legrand est un architecte et historien de l'architecture française, né à Paris le [1], et mort à Saint-Denis le (à 54 ans).

Biographie[modifier | modifier le code]

Le Théâtre Feydeau, une des réalisations de Jacques-Guillaume Legrand.

Jacques-Guillaume Legrand naquit à Paris le . Après avoir fait ses études au collège de Louis-le-Grand, il entra à l'École des ponts et chaussées, où se signalant par des dispositions peu communes, il fixa l'attention de Jean-Rodolphe Perronet, fondateur de cet établissement. Très jeune encore, il dut à ses succès rapides l'inspection des travaux du pont de Tours, et justifia la confiance de ceux qui lui avaient fait obtenir cet emploi. Ce fut à cette époque que Legrand, inspiré par l'amour des arts, se livra au goût dominant qui le portait surtout vers l'étude de l'architecture.

Sans abandonner les Ponts-et-Chaussées, Legrand suivit les leçons de Jacques-François Blondel, professeur de l'Académie royale d'architecture, qui guida ses premiers pas dans cette vaste carrière. Ce fut à l'école de Blondel que Legrand et Jacques Molinos, dont les noms ont été depuis comme inséparables, se sont rencontrés et ont noué une amitié dont l'influence s'est fait sentir dans toutes les circonstances de leur vie et de leurs travaux. Après la mort de Blondel en 1774, Legrand suivit les leçons de Charles-Louis Clérisseau, qui sachant apprécier les talents et les qualités morales de son élève, se l'attacha par des liens indissolubles, en l'unissant à sa fille.

Il manquait à Legrand d'avoir vu l'Italie ; il en avait depuis longtemps communiqué le projet à M. Molinos. En 1785, les deux amis firent enfin, d'un commun accord, ce voyage tant désiré. Arrivé sur le sol italien, plein d'un esprit observateur, préparé d'avance à la vue des monuments qu'il venait examiner, Legrand en mesura plusieurs, en moula les détails les plus importants, et consigna ses remarques sur le livre d'Antoine Desgodets consacré à l'architecture italienne, dont il rectifia quelques erreurs[2].

Après avoir visité les temples de Pæstum, Legrand, toujours accompagné de Molinos, allait porter ses pas dans la grande Grèce, lorsqu'un ordre supérieur le rappela en France. De retour à Paris, il épousa le Marie-Joséphine Clérisseau, fille du peintre et architecte Charles-Louis Clérisseau, Molinos étant l'un de ses deux témoins de mariage.

Pendant le vingt années qui suivirent, il ne cessera de s'occuper d'architecture, soit pour le gouvernement, soit pour des particuliers, et de suivre en même temps son goût naturel pour l'érudition et la critique de l'art. Le ministre de l'intérieur lui confia la restauration des monuments de Paris et, dans le même temps, le préfet de Paris le nomma inspecteur en chef de la deuxième section des travaux du département.

Alors qu'il accomplissait depuis environ deux ans, à la demande du ministre de l'intérieur, la restauration de l'église de Saint-Denis afin d'y rétablir la sépulture des rois, il est mort à Saint-Denis le . Il avait désiré que sa dépouille soit transporté dans la commune d'Auteuil, résidence habituelle de sa famille de son épouse. Les ouvriers des bâtiments de Saint-Denis se disputèrent l'honneur de porter son corps, et l'accompagnèrent, à pied, depuis Saint-Denis jusqu'au cimetière d'Auteuil. Avant le transport, un de ses amis, Quatremère de Quincy, membre de l'Institut, prononça sur son cercueil un discours funèbre. Il a été enterré au cimetière d'Auteuil[3]

Famille[modifier | modifier le code]

Le , à Paris, il a signé son contrat de mariage avec Marie-Josèphe Clérisseau, fille de Charles-Louis Clérisseau et de Rosa Maria Teresa de L'Estache (née le , mariée le ), fille de Pierre de L'Estache. Parmi les témoins sont cités Jacques Molinos, l'associé de Legrand, Charles-Edme, licencié en droit curé de la paroisse de Leudeville, oncle maternel à la mode de Bretagne de la future épouse, qui était donc un fils d’Edme, frère du sculpteur Pierre de L’Estache. Il s'est marié le à Auteuil. De cette union sont nés deux enfants, Rose-Marie-Charlotte (1788-1874) et Pierre-Victor-Édouard (1796-1841)[4]. Quatremère de Quincy a été nommé tuteur des deux enfants mineurs, le , d'après l'inventaire après décès.

Réalisations[modifier | modifier le code]

Avec son ami et associé Jacques Molinos, il édifia la coupole en charpente de la Halle aux blés (dont est issue l'actuelle Bourse de commerce de Paris), qui démontrait les qualités de la charpente à petits bois conçue par Philibert de l'Orme au XVIe siècle (1782-1783). Cette réalisation fut très admirée, notamment par Thomas Jefferson, alors ministre des États-Unis à Paris. Sur le même principe, les deux architectes construisirent ensuite la Halle aux draps (1786, détruite en 1855). Sur la fin du XVIIIe siècle, le prince François-Xavier de Saxe l'employa pour faire des rénovations en son château de Chaumot.

Il réalisa également le Marché des Innocents, le transport et la restauration de la fontaine des Innocents décorée par Jean Goujon, l'établissement de la cale où l'on construit les vaisseaux à Brest, le Théâtre Feydeau, la restauration de la décoration intérieure de l'Hôtel Marbeuf, le projet d'une salle pour l'assemblée législative, englobée dans l'église de la Madeleine dont la révolution empêcha l'exécution. Une maquette de ce dernier projet est exposée au musée de la Révolution française.

Après avoir visité l'Italie, de retour à Paris, Legrand et Molinos construisirent en 1789, pour eux-mêmes, deux immeubles rue Saint-Florentin où ils installèrent un « musée de l'ordre dorique ». Molinos et Legrand réaménagèrent également l'hôtel Marbeuf, 31, rue du Faubourg-Saint-Honoré, célèbre pour le raffinement de sa décoration polychrome dans le goût de l'Antiquité (détruit), et construisirent le Théâtre Feydeau pour la Comédie-Italienne (1789-1790, détruit) et la mairie d'Auteuil, en forme de temple grec (1792).

Legrand est réputé avoir contribué à la conception d'une villa aux États-Unis, Gore Place à Waltham, Massachusetts, bâtiment emblématique du style fédéral, construite pour Rebecca Amory Payne et son mari Christopher Gore, sénateur et gouverneur de l'État (1805).

Publications[modifier | modifier le code]

Legrand avait entrepris une Histoire générale de l'Architecture, ou Comparaison des Monuments de tous les âges chez les différents peuples, un travail immense qui devait former au moins trente volumes, mais qui est resté manuscrit et incomplet[5].

  • D'Allemagne en Champagne : Xavier de Saxe (1730-1806), seigneur de Pont-sur-Seine, actes du colloque, 6 et , textes réunis par Jean-Luc Liez, Troyes, Communauté de l'agglomération troyenne (CAT) et Archives de l'Aube, 2008. Programme
  • Œuvres de Giovanni Battista et de Francesco Piranesi, sur l'architecture et les antiquités grecques et romaines, le texte italien revu et augmenté de notes par Visconti, et la traduction française faite par Legrand, Paris, 1800-1802, 20 vol. in-fol. Les tomes 6 et 9 n'ont point été publiés.
  • Histoire abrégée de la ville de Nisme et de ses antiquités, Paris, 1804.
  • Collection des chefs-d'œuvre de l'architecture des différens peuples, exécutés en modèles, sous la direction de L.-F. Cassas... décrite et analysée, par J.-G. Legrand, Paris : impr. de Leblanc, 1806, in-8.
  • (avec Charles Paul Landon), Description de Paris et de ses édifices, Paris, Treuttel et Würtz, 1808, 2 vol. in-8.
  • Essai sur l'histoire générale de l'architecture, pour servir de texte explicatif au Recueil et parallèle des édifices de tout genre, anciens et modernes, remarquables par leur beauté, par leur grandeur ou par leur singularité, par J. N. L. Durand, Paris, impr. de Gillé fils, an VIII-an IX, 2 vol. gr. in-folio – rééd. : Liège, Dom Avanzo et C., 1842.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Note : Certains sites et livres donnent l'année 1743. La date donnée est celle portée par Charles Paul Landon dans sa notice sur les artistes morts avant le Salon de 1808. Manon Vidal donne la même année dans le texte de sa thèse.
  2. Ces notes et mesures devaient servir à une nouvelle édition de l'ouvrage de Desgodets, mais un autre architecte s'est approprié ce travail, en transcrivant sur son propre exemplaire ces notes précieuses en prétendant en être l'auteur
  3. Le cimetière d'Auteuil, p. 224-225, Bulletin de la Société historique d'Auteuil et de Passy, Bulletin LXVI, 4e trimestre 1908, tome VI, no 8 (lire en ligne)
  4. Note : Chevalier de la Légion d'honneur en 1837 (« Legrand Pierre Victor Edouard », base Léonore, ministère français de la Culture.
  5. Legrand avait donné, antérieurement, un aperçu de son ouvrage dans livre intitulé Parallèle des Édifices anciens et modernes, par M. Durand, professeur d'Architecture de l'École Polytechnique

Source[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Manon Vidal, Jacques-Guillaume Legrand (1753-1807). Pratique, théorie et histoire de l'architecture à la fin du XVIIIe siècle, thèse soutenue à l’École nationale des chartes en 2014, consultable aux Archives nationales (présentation).
  • Projet de l'établissement d'une école de Mosaïque à Paris par Molinos et Legrand architectes, en 1785, p. 353, Nouvelles archives de l'art français, 1874 (lire en ligne)
  • Charles Paul Landon, Annales du Musée et de l'École moderne des beaux-arts. Salon de 1808, tome 1, p. 18-21, Imprimerie des Annales du musée, Paris, 1808 (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]