Léo Campion

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Léo Campion
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Léon Louis Octave CampionVoir et modifier les données sur Wikidata
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Signature
Les Anarchistes dans la franc-maçonnerie ou les Maillons libertaires de la chaîne d'union, 1969.
Le Drapeau noir, l'Équerre et le Compas, 1978.

Léon Campion, dit Léo Campion, né le dans le 18e arrondissement de Paris, ville où il est mort le dans le 15e arrondissement[1], est un personnage à multiples facettes, chansonnier, acteur, humoriste[2] et caricaturiste, Régent de l'Institut de Pataphysique[3] et Grand Maître de la Confrérie des Chevaliers du Taste Fesses, mais aussi franc-maçon, libre-penseur, objecteur de conscience, pacifiste, antimilitariste, libertaire[4] et historien de l'anarchisme[5],[6].

Il est l'auteur, en 1969, de l'ouvrage Les Anarchistes dans la franc-maçonnerie ou les Maillons libertaires de la chaîne d'union.

Biographie[modifier | modifier le code]

Le père de Léo Campion est belge et sa mère française (montmartroise, de nationalité belge à la naissance).

En 1923, Léo Campion est expulsé de France à l'issue d'une campagne menée contre lui par l'Action française : il est toujours de nationalité belge.

Il s'installe à Bruxelles où il rencontre le bouquiniste anarchiste et franc-maçon, Marcel Dieu alias Hem Day. Une rencontre qui marquera sa vie.

Il devient secrétaire de la Libre Pensée de Bruxelles et secrétaire de la section belge de l'Internationale des résistant(e)s à la guerre (IRG-WRI)[7].

Premier objecteur de conscience avec Hem Day[modifier | modifier le code]

« Le refus du service militaire est une assurance contre la mort, cette assurance sera viable dès qu'il y aura suffisamment d'assurés. »

— Léo Campion

En 1933, une figure de proue du parti libéral belge, Albert Devèze, ministre de la Défense nationale, dépose un projet de loi interdisant toute propagande pacifiste et toute diffusion d'idées antimilitaristes. Sans attendre, Léo Campion et Hem Day renvoient leurs livrets militaires[8]. La réponse ne tarde guère, un mois après, Albert Devèze rappelle les deux hommes sous les armes par mesure de discipline ; ils doivent rejoindre leur unité. Ce qu'ils refusent de faire. Ils sont arrêtés quelques jours plus tard[9].

Le , la foule se presse dans l'enceinte du tribunal militaire. Personne n'attend une condamnation, mais seulement une joute oratoire, les notes relatives au service militaire des prévenus sont bonnes et tout ce que l'on peut leur reprocher, est d'avoir refusé de répondre à un rappel imposé à titre de sanction. Prenant la parole, tour à tour, les accusés se transforment en accusateurs et ridiculisent les autorités judiciaires et militaires (voir Hem Day). Malgré tout, Léo Campion est condamné, à dix-huit mois de prison, son casier judiciaire étant vierge. L'affaire risque de tourner au cercle vicieux puisqu'une fois leur peine purgée, les condamnés allaient être rappelés et refuseraient immanquablement à nouveau de se soumettre à cette injonction et seraient à nouveau condamnés. De nouvelles protestations s’élèvent et en appel, la peine est réduite pour chacun des condamnés. Mais, ceux-ci refusent toute sanction et, avec un autre objecteur, Lionel de Vlaminck, entament une grève de la faim[10]. Les avocats des accusés, Deublet et le futur secrétaire général de l'OTAN, Paul-Henri Spaak, et d'autres citoyens renvoient leurs livrets militaires. Des anciens combattants sont prêts à les imiter[11].

L'opinion publique, craignant que la plaisanterie ne tourne au tragique, exige une libération immédiate. La pression exercée est si forte que le sort du gouvernement s'en trouve menacé. Autorités et ministres ne savent comment se tirer de l'impasse. Par une formule saugrenue, ils tentent de sauver la face : Campion et Hem Day sont renvoyés de l'armée car indignes de figurer plus longtemps dans ses rangs. Ils sont chassés de l'armée pour cause d'avoir été condamnés pour ne pas vouloir y rester. Toute cette agitation aboutit donc à la libération des deux premiers objecteurs de conscience et, également, à l'abandon du projet Devèze.

Une brochure, Autour d'un procès, publiée en 1968 aux Éditions Pensée et Action, reviendra sur cette affaire, documents à l'appui (comptes-rendus, plaidoiries, témoignages, protestations, lettres, articles, études, précisions)[12],[13].

Engagement dans la franc-maçonnerie[modifier | modifier le code]

Le , Léo Campion est initié en franc-maçonnerie à la loge Les Amis philanthropes du Grand Orient de Belgique à Bruxelles.

En 1937, il s'affilie à la loge La Clémente Amitié du Grand Orient de France à Paris. Il en gravit tous les degrés écossais jusqu'au 33e et siège au Consistoire d'Île-de-France[4].

Homme de presse[modifier | modifier le code]

De 1930 à 1936, il est caricaturiste pour le compte du journal bruxellois Le Rouge et le Noir tout en commençant une carrière de chansonnier.

Résistant et interné[modifier | modifier le code]

À la fin des années 1930, Bruxelles devient un refuge pour de nombreux proscrits, dont les anarchistes Durruti et Ascaso (avec lequel Léo Campion lie une solide amitié). En 1937, il publie un journal d'informations sur la révolution espagnole : « Rebellion »[14].

Au début de la Seconde Guerre mondiale, Léo Campion retourne en France. Fiché comme objecteur de conscience, il est interné avec d'autres anarchistes au camp de détention d'Argelès. Toutefois, il parvient à travailler pour la chaîne allemande Télé-Paris; à ce sujet en 1969, dans son opuscule Les anarchistes dans la franc-maçonnerie, Campion retate qu'un ami franc-maçon anarchiste allemand camouflé en citoyen suisse l'aurait aidé à obtenir un laisser-passer ou « ausweis »[15].

Libéré après l'armistice, il repart à Bruxelles. Ensuite, ses allées et venues entre Paris et Bruxelles, motivées par sa profession de chansonnier, font de lui un messager idéal pour les mouvements de résistance français et belges. Malgré ses opinions (ancien secrétaire du « Comité maçonnique pour l'objection de conscience » et de la section belge de l'Internationale des résistant(e)s à la guerre), il reçoit à la Libération la Croix de guerre 1939-1945 pour ses actes de résistance.

Le spectacle continue[modifier | modifier le code]

En , Léo Campion fonde à Bruxelles l'hebdomadaire Pan[16], feuille satirique (fusionnée en 2004 avec l'hebdomadaire Père Ubu).

Il revient ensuite à ses passions : comédien, directeur de cabaret et producteur[17]. Il devient ainsi au début des années cinquante le directeur du Caveau de la République (1951-1953) et du Tabou (1952-1953) où il se produit avec Pierre Dac[16].

Producteur à la Radio Télévision française (RTF) entre 1951 et 1961, il anime à la radio Le Cabaret du soir et participe au feuilleton Signé Furax de Pierre Dac et Francis Blanche. Il y tient le rôle de Clodomir, président de la planète Astérix, lors des saisons 2 (La lumière qui éteint) et 3 (Le gruyère qui tue).

Acteur de théâtre, après avoir fait ses classes dans une pièce d'Henri Monnier en 1953, puis dans Phi-Phi mis en scène par Georges Atlas en 1957, Jean-Louis Barrault le fait jouer dans Rhinocéros d'Eugène Ionesco en 1961. Il joue également au cinéma dans French Cancan de Jean Renoir ou La Lectrice de Michel Deville et tient le rôle principal de série télévisée La Brigade des maléfices en 1971[18].

Il découvre par ailleurs quelques talents belges, dont Jacques Lippe qui joue dans Le Mariage de mademoiselle Beulemans, mais il ne cesse pas ses activités militantes pour autant. Il participera ainsi à plusieurs galas de soutien en faveur de la Fédération anarchiste et apportera souvent aide et solidarité aux libertaires, faisant preuve d'une véritable continuité entre l'artiste et l'anarchiste[19],[18].

Anarchiste et franc-maçon[modifier | modifier le code]

La couverture de l'édition de 1996.

Le Drapeau noir, l'Équerre et le Compas est un recueil de biographies d'anarchistes francs-maçons et/ou de francs-maçons anarchistes écrit par Léo Campion[20].

Léo Campion[21] a d'abord réservé cet ouvrage à une diffusion strictement interne à la franc-maçonnerie. Il fut édité une première fois en 1969, sous le titre Les Anarchistes dans la Franc-Maçonnerie ou Les Maillons Libertaires de la Chaîne d'Union aux Éditions Culture et liberté (Marseille)[22],[23].

En 1978, revu et considérablement remanié, il fut édité cette fois à l'intention de tous les publics, sous le titre actuel Le Drapeau noir, l'Équerre et le Compas[24] aux Éditions Goutal-Darly (Montrouge)[25].

En 1996, une synthèse de ces deux versions fut éditée par la « Maison de la Solidarité et de la Fraternité » d'Évry et les Éditions Alternative libertaire (Bruxelles-Oléron)[26], rééditée une première fois en 2002[27], puis en 2004[28], sous la forme d'une brochure afin de lui donner une plus large diffusion.

À Grenoble, une loge maçonnique du Grand Orient de France a été fondée le sous le nom de « Léo Campion », en hommage à l'idée de celui-ci de permettre à des libertaires de « vivre de manière libertaire leur franc-maçonnerie »[29].

Publications[modifier | modifier le code]

Léo Campion laisse une œuvre littéraire à deux visages : d'un côté des textes d'humeur et d'humour, ainsi que ses dessins dans de nombreuses publications. de l'autre des ouvrages maçonniques ou libertaires sérieux et documentés[4].

  • La théorie de l'abus des droits, Paris, Bruxelles, Pensée et Action, 1925[30].
  • Réflexions sur la violence, Belgique, Éditions de L'émancipateur, 1935[31].
  • Zo d'Axa : brève esquisse d'un anarchiste de la belle époque, 1936, réédition en fac similé, Saint-Denis, Le Vent du Ch'min, 1978[32].
  • Le Petit Campion - Lexique encyclopédique illustré, Paris, Éditions SAPRA, 1953, 12e édition[33].
  • Le Roman d'un fripon..., Paris, Calmann-Lévy , 1956.
  • Code de la bienséance à l'usage des adultes, Paris, Calmann-Lévy, Nouvelle collection Labiche, 1957[34].
  • Léo Campion. Palabres..., Paris, Éditions du Scorpion, 1961[35].
  • Autour d'un procès avec Hem Day, Éditions Pensée et action, 1968, (OCLC 21034680).
  • Les Anarchistes dans la Franc-Maçonnerie ou les Maillons libertaires de la chaîne d'union, Marseille, Éditions Culture et liberté, 1969[36].
  • Sade franc-maçon, Paris, Cercle des amis de la Bibliothèque Initiatique, 1972, 163 pages[37].
  • Le Drapeau noir, l'Équerre et le Compas, Wissous, Goutal-Darly, 1978[38].
  • Le Cul à travers les âges, Paris, S.O.S. manuscrits, 1981[39].
  • Lexique pour rire illustré, Paris, Le Cherche-Midi, 1982[40], 2013, préface Alain Bauer, (ISBN 978-2-7491-3326-3), notice éditeur.
  • Contes d'apothicaire, Paris, M. Dansel, 1982[41].
  • Illégalisme de la liberté, Marseille, Éditions Culture et Liberté, 1983.
  • J'ai réussi ma vie, Paris, Éditions du Borrégo, 1985[42].
  • Lexique pour rire illustré, Paris, Verviers, Marabout, 1987[43].
  • Florilège de la fesse, Eaubonne, B. Gadeau, 1989[44].
  • Le Drapeau noir, l'Équerre et le Compas, Ille-sur-Têt, éditions K'A. 2013 (ISBN 979-1091435-00-0)

Filmographie[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Courts métrages[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Voix off[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives de Paris 18e, acte de naissance no 1484, année 1905 (vue 27/43) (avec mention marginale de mariage et de décès)
  2. Léo Campion a dit... 47 CITATIONS TROUVÉES evene.fr
  3. Léo Campion : Chansonnier et caricaturiste français (1905-1992) Dicocitations
  4. a b et c Marc de Jode, Monique Cara et Jean-Marc Cara, Dictionnaire universel de la Franc-Maçonnerie, Larousse, 2011, page 138
  5. Alain Dugrand, Libération, un moment d’ivresse : 1973-1981, Paris, Éditions Fayard, 2013, lire en ligne.
  6. Emmanuel Thiebot, Qui sont les Francs-maçons ?, Place Des Éditeurs, 2015, pp. 121-124.
  7. « Léo Campion, les débuts de l'IRG et les premiers objecteurs de conscience en Belgique », Non violence et société,‎ , p. 5 à 9
  8. Marcel Campion et Hem Day, « Dans le courrier de M. Devèze », Le Libertaire,‎ , p. 3
  9. Toute l'histoire sur le procès Léo Campion et Hem Day Alternative Libertaire.
  10. « Les objecteurs de conscience belges font la grève de la faim », L'Œuvre,‎ , p. 3.
  11. Georges Pioch, « La vie qui passe ou qui s'attarde », La Volonté,‎ , p. 1-2 (lire en ligne Accès payant)
  12. Autour d'un procès, Léo Campion - Hem-Day, Éditions Pensée et Action, Paris Bruxelles, 1968, 104 pages, notice worldcat.
  13. Jozef Schildermans, Het proces Hem Day – Leo Campion (1933), Anti-Militaristisch Buro, Leuven, 1983, texte intégral.
  14. Le 15 mai 1937, sortie à Bruxelles du premier numéro du journal Rébellion paraissant le 1er et le 15 de chaque mois. Ce bimensuel est publié par Léo Campion. Une grande partie des articles est consacrée à l'actualité de la révolution espagnole. Cinq numéros paraîtront jusqu'au . Éphéméride Anarchiste
  15. Emmanuel Lemieux, On l'appelait Télé-Paris, Paris, éditions L'Archipel, « L'Histoire secrète des débuts de la télévision française (1936-1946) », page 142, 2013, 259 p. (ISBN 2809811296)
  16. a et b Robert Wangermée, Dictionnaire de la chanson à Bruxelles et en Wallonie, Éditions Mardaga, Liège, 1995, p. 98-99.
  17. Léo Campion : Chansonnier et caricaturiste français, Evene.fr.
  18. a et b Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : notice biographique.
  19. Patricio Salcedo, Léo Campion, Le Monde libertaire, no 1703, , texte intégral.
  20. Léo Campion ficedl.
  21. Anarlivres : Léo Campion.
  22. Campion Léo, Les Anarchistes dans la Franc-Maçonnerie ou les maillons libertaires de la chaîne d’union, éditions Culture et Liberté, Marseille, 1969, 242 p. lelibertaire.
  23. WorldCat : Styles de références bibliographiques pour « Les anarchistes dans la F M ; ou, Les maillons libertaires de la chaîne d'union. ».
  24. Réédité sous le titre « Le Drapeau noir, l’Équerre et le Compas », éd. Goutal-Darly, Paris, 1978 lelibertaire.
  25. Éditions Culture et liberté, 100 ans de presse anarchiste bianco.
  26. Le drapeau noir, l'équerre et le compas édition 1996.
  27. Campion, Léo. Le Drapeau noir, l’Équerre et le Compas. Les Éditions Alternative Libertaire, 2002. 108 p. radforum.
  28. Anarlivres : Le Drapeau noir, l'Équerre et le compas.
  29. Loge « Léo Campion » de la région grenobloise, présentation en ligne.
  30. WorlCat : notice
  31. WorlCat : notice
  32. WorlCat : notice
  33. BNF : notice.
  34. BNF : notice.
  35. BNF : notice.
  36. BNF : notice.
  37. Sudoc : notice.
  38. BNF : notice.
  39. BNF : notice.
  40. BNF : notice.
  41. BNF : notice.
  42. BNF : notice.
  43. BNF : notice.
  44. BNF : notice.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Monique Cara, Jean-Marc Cara, Marc Jode, Dictionnaire universel de la Franc-Maçonnerie, Larousse, 2011, 640 pages, lire en ligne.
  • Robert Wangermée, Dictionnaire de la chanson à Bruxelles et en Wallonie, Éditions Mardaga, Liège, 1995, p. 98-99.
  • Pol Defosse, Dictionnaire historique de la laïcité en Belgique, Luc Pire Éditions, 2005, page 48.
  • Roland Biard, Histoire du mouvement anarchiste en France (1945-1975), Éditions Galilée, 1976, (ISBN 2-7186-0045-4), lire en ligne.
  • Emmanuel Thiebot, Qui sont les Francs-maçons ?, Place Des Éditeurs, 2015, pp. 121-124.
  • Paul Vandevijvere, Dictionnaire des compositeurs francs-maçons, Primento, 2015, page 61.
  • Bernard Marlière, Anthologie de l'humour belge : Du Prince de Ligne à Philippe Geluck, Primento, 2014, pages 82-84.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notices[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]