La Galite

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La Galite
جالطة (ar)
Vue de La Galite.
Vue de La Galite.
Géographie
Pays Drapeau de la Tunisie Tunisie
Localisation Mer Méditerranée
Coordonnées 37° 31′ 37″ N, 8° 55′ 43″ E
Superficie 8,08 km2
Nombre d'îles 6
Île(s) principale(s) La Galite, Le Galiton et La Fauchelle
Point culminant Bout de Somme (391 m sur La Galite)
Géologie Îles continentales
Administration
Gouvernorat Bizerte
Autres informations
Découverte Préhistoire
Fuseau horaire UTC+01:00
Géolocalisation sur la carte : Tunisie
(Voir situation sur carte : Tunisie)
La Galite
La Galite
Archipels en Tunisie

La Galite (arabe : جالطة) est un archipel d'îles rocheuses d'origine volcanique situé au nord de la Tunisie. La Galite est également l'archipel et le point le plus septentrional de la Tunisie, mais également de tout le continent africain[1].

Géographie[modifier | modifier le code]

Localisation[modifier | modifier le code]

Rattaché à la délégation de Bizerte Nord dans le gouvernorat de Bizerte, cet archipel tunisien est situé à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest du cap Serrat, point le plus proche de la côte tunisienne, duquel il est séparé par le canal de La Galite. Il se trouve à une soixantaine de kilomètres au nord-est de la ville de Tabarka et à environ 150 kilomètres au sud du cap Spartivento (sud-ouest de la Sardaigne).

Îles composant l'archipel[modifier | modifier le code]

L'île principale située au centre de l'archipel, La Galite, couvre 732 hectares.

Elle mesure 5,4 kilomètres de longueur d'est en ouest et jusqu'à 2,9 kilomètres de largeur dans sa partie orientale. Bordée par des falaises de 200 mètres de hauteur, elle ne peut être approchée que par la baie de l'Escueil de Pasque, au sud de l'île. Son point le plus élevé, culminant à 391 mètres[2], est le Bout de Somme (Grand sommet) qui est surmonté par une tour de surveillance. On y monte par un sentier rocailleux qui est la meilleure voie de communication de l'île ; ce sentier traverse des jardins en espaliers où, malgré la rareté de la terre végétale, poussent des figuiers, des cactus, des oliviers, de la vigne et assez de céréales pour subvenir aux besoins des quelques familles de pêcheurs. Jadis boisée, l'île n'abrite plus qu'une brousse peu élevée. Le Piton de l'est, une crête en forme de cône située au sud-est de l'île, culmine à 360 mètres.

Hormis l'île principale, il existe deux groupes de plusieurs îlots qui sont tous difficilement abordables par la mer.

Carte topographique de La Galite.

Au sud-ouest, à trois kilomètres de l'île principale de La Galite, Les Galitons se composent de l'île du Galiton (trente hectares, 118 mètres d'altitude) et de La Fauchelle (13,6 hectares, 137 mètres d'altitude) qui sont les deuxième et troisième plus grandes îles de l'archipel. Sur la crête du Galiton se trouve un phare de 14 mètres de hauteur.

Les trois Galitons situés entre un et deux kilomètres à l'est de l'île principale de La Galite sont collectivement appelés « Les Chiens » (à ne pas confondre avec les îles Cani situés plus à l'est sur la côte tunisienne). Ces trois Gallitons de l'est sont : Le Gallo (8,9 hectares, 119 mètres d'altitude), La Gallina (3,1 hectares, 60 mètres d'altitude) et le Pollastro (0,6 hectare, 35 mètres d'altitude)[3].

Histoire[modifier | modifier le code]

Ancienne carte des îles de La Galite.

La découverte de gargoulettes puniques et de monnaies romaines indique que l'île est peuplée dès l'Antiquité.

Durant le protectorat, on recense, en 1906, 174 habitants dont 67 Français et 107 Italiens[4]. Une grande partie des habitants — Tunisiens de naissance mais d'origine italienne — sont partis en France vers les années 1960, à la suite de l'indépendance du pays, pour s'installer dans la commune du Lavandou et les villages environnants[5].

Le leader indépendantiste Habib Bourguiba y est exilé du au dans un ancien fort abandonné[6].

En vue des élections municipales de 2023, La Galite devient officiellement une imada et une circonscription électorale, malgré l'absence d'habitants sur l'archipel[7].

Classement[modifier | modifier le code]

En vue de la préservation du phoque moine et des dauphins, la zone maritime entourant Le Galiton, située entre la laisse de basse mer et la ligne d'un demi mîle au large de l'îlot, est classée depuis le , par arrêté du ministère de l'Agriculture, en tant que réserve naturelle intégrale[8] ; les hautes eaux jusqu'à 12 mîles (22 km) sont classées comme aire marine protégée et Specially Protected Areas of Mediterranean Importance (zone de la mer Méditerranée d'importance spéciale).

Biodiversité[modifier | modifier le code]

La biodiversité de La Galite est unique comparée au reste de la Tunisie continentale. L'inventaire de flore totale de l'archipel est supérieur à 300 espèces avec sept orchidées différentes[2]. Particulièrement remarquable est la présence de l'orchidée Serapias nurrica Corrias (it) qui ne se trouve par ailleurs qu'en Sardaigne, en Corse, à Minorque, en Sicile et en Calabre (c'est donc une espèce dite tyrrhénienne). Cette orchidée est un indicateur du lien biogéographique entre l'archipel de La Galite et le bloc corso-sarde[9].

Sur l'île de La Fauchelle, Allium commutatum Guss. se retrouve sur une « presqu'île aux ails ». En Tunisie, cet ail ne se rencontre ailleurs que sur des îles (Pilau et les îles Cani). En Méditerranée, c'est une espèce tyrrhénienne. L'île de la Fauchelle est aussi le seul endroit en Tunisie où a été localisée la Doradille marine (Asplenium marinum L.), fougère atlantico-méditerranéenne[10]. L'archipel représente un mélange biologique particulier avec des plantes endémiques dans un triangle compris entre la Corse, la Sardaigne et la presqu'île de l'Edough (au nord-est de l'Algérie), comme par exemple le choux Brassica cretica subsp atlantica[3], et une espèce de gecko phyllodactyle, Euleptes europaea[11], dont c'est la zone d'extension la plus au Sud.

Les Italiens qui ont quitté l'île en 1958-1959 affirment que le diss (Ampelodesmos mauritanicus) a été introduit dans l'archipel par leurs ancêtres à partir de l'île de Ponza. Ces pêcheurs utilisaient en effet les feuilles sèches de cette plante pour tresser des cordages selon une technique qu'ils décrivent en détail[12] et la plante a l'avantage de retenir les sols.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Simon Mumford, DK Complete Atlas of the World, New York, DK Publishing, , 432 p. (ISBN 978-1-4654-5528-4 et 1-4654-5528-0, OCLC 950613529).
  2. a et b Frédéric Médail, Matthieu Charrier, Mohamed Chaieb, Gianniantonio Domina, Ridha El Mokni, Salvatore Claudio Pasta et Errol Véla, « Plantes vasculaires nouvelles ou rares pour la Tunisie présentes sur les îles (Galite, Zembra, Kuriat, Monastir, Kerkennah, Kneiss, Djerba) », Flora Mediterranea, no 30,‎ , p. 87-112 (ISSN 1120-4052, lire en ligne).
  3. a et b Daniel Pavon et Errol Véla, « Espèces nouvelles pour la Tunisie observées sur les petites îles de la côte septentrionale (archipels de La Galite et de Zembra, îlots de Bizerte) », Projet Terra Cognita,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. Tahar Ayachi, « La Galite : sur le balcon des rêves », sur mille-et-une-tunisie.com, (consulté le ).
  5. Hella Lahbib, « Le retour aux sources des habitants de La Galite », La Presse de Tunisie,‎ (ISSN 0330-9991, lire en ligne, consulté le ).
  6. Jean Rous, Habib Bourguiba, Romorantin-Lanthenay, Martinsart, , p. 42-45.
  7. Mohsen Tiss, « Un Imada en Tunisie avec zéro habitant », sur tunisienumerique.com, (consulté le ).
  8. Mumin Tuti, Le Guide culturel, Tunis, Centre d'études et de documentation sur le développement culturel, , p. 481.
  9. Errol Véla, Ridha Ouni et Roland Martin, « Serapias nurrica Corrias (Orchidaceae), nouveau pour la flore de Tunisie », Journal Europäischer Orchideen, vol. 44, no 2,‎ (ISSN 0945-7909, lire en ligne, consulté le ).
  10. Michel Muracciole, Michel Jean Delaugerre et Daniel Pavon, « Asplenium marinum L., une fougère nouvelle pour la flore de Tunisie », Poiretia, revue naturaliste du Maghreb,‎ (ISSN 2105-0503, lire en ligne, consulté le ).
  11. Michel Jean Delaugerre et Ridha Ouni, « Archipel de La Galite « Notes herpétologiques 2008 ». Petites îles de Méditerranée 08 », sur researchgate.net, (consulté le ).
  12. Intidhar Abbès, Sami Ben Haj, Fabrice Bernard, Michel Jean Delaugerre, Nesrine Ktari, Mongi Maamouri, Alejandro Martinez, Michel Muracciole, Daniel Oro, Ridha Ouni, Faïek Rouissi, Yannick Tranchant et Patrick Vidal, « Archipel de La Galite - Recueil de Notes naturalistes. Petites îles de Méditerranée (2006 – 2007) », sur initiative-pim.org, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]