Shigeru Mizuki

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Shigeru Mizuki
Description de cette image, également commentée ci-après
Shigeru Mizuki au plus tard en novembre 2010.

水木 しげる

Naissance
Décès (à 93 ans)
Nationalité japonaise
Auteur
Éditeur associé
Élèves

Œuvres principales

Première œuvre :

Autres ouvrages :

Shigeru Mura (武良 茂, Mura Shigeru?), connu sous le nom de plume Shigeru Mizuki (水木 しげる, Mizuki Shigeru?), est un mangaka japonais ( - ). Il est un des grands fondateurs du manga d'horreur, se spécialisant dans les histoires de monstres et de fantômes japonais, avec des créatures telles que yōkai, tengu et kappa. Il est également connu pour ses récits portant sur la Seconde Guerre mondiale.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né à Kohama, puis élevé à Sakaiminato, dans la préfecture de Tottori, Mizuki, dont le vrai nom est Shigeru Mura (武良 茂, Mura Shigeru?), est le second des trois fils. Décrit comme un enfant curieux, ses premières découvertes comprennent de nombreuses écoutes et illustrations d'histoires de monstres par une femme nommée NonNonBâ, la femme de ménage. Son nom en tant que dessinateur, Mizuki, vient du temps où il dirigeait une auberge appelée Manoir Mizuki alors qu'il dessinait pour des kamishibai.

Shigeru Mizuki (à droite) et son père en 1943.

En 1942, il est enrôlé dans l'armée japonaise impériale et envoyé sur l'île de Nouvelle Bretagne en Nouvelle-Guinée. Cette expérience l'a profondément affecté. Il perd son bras gauche lors d'un bombardement durant la Seconde Guerre mondiale, en Nouvelle-Guinée, il a contracté la malaria[1]. Alors qu'il était prisonnier de guerre à Rabaul, il a noué des liens avec la tribu locale Tolai qui lui a offert une terre, un domicile et la citoyenneté grâce à un mariage avec une femme locale. Mizuki a reconnu qu'il se considérait comme un « planqué ». Il s'est senti honteux lorsqu'un docteur militaire l'a incité à retourner au Japon pour voir ses parents, ce qu'il a fait à contre-cœur.

Une fois retourné dans son pays natal, Mizuki avait envisagé de retourner en Nouvelle-Guinée mais l'occupation du Japon a contrecarré ce projet. Ses blessures ne l'ont pas incité à partir. De plus, son plus vieux frère, un officier d'artillerie, a été accusé de crime de guerre pour avoir exécuté des prisonniers de guerre.

Depuis son retour au Japon jusqu'à 1956, il a travaillé en tant qu'opérateur de théâtre puis il est devenu dessinateur.

Il surmonte le traumatisme de la guerre et devient auteur de manga dans les années 1950[2],[3]. En 1957, il publie son premier manga Rocketman. Il fut aussi auteur et conteur de kamishibai[4]. Depuis, il a publié de nombreuses œuvres sur les monstres et sur le thème militaire. Il a aussi écrit de nombreux livres sur ces deux sujets y compris une autobiographie sur sa période sur l'île de Nouvelle Bretagne et un manga biographique sur Adolf Hitler.

Son manga le plus célèbre est Kitaro le repoussant (ゲゲゲの鬼太郎, Ge-ge-ge no Kitarō?), qui est adapté en anime, en film et en jeu vidéo, et dont le personnage principal est Kitaro, un chasseur de yōkai. Il raconte son initiation à ce monde imaginaire et traditionnel japonais durant son enfance par une vieille dame, amie de sa famille, dans NonNonBâ (のんのんばあとオレ, Nonnonbā to ore?, lit. Mémé et moi).

Il participe en 1964 aux débuts du magazine Garo fondé par Katsuichi Nagai (長井 勝一, Nagai Katsuichi?) et Sanpei Shirato, avec Kitarō yawa (鬼太郎夜話?), prémisse de Kitaro le repoussant, et Ninpō hiwa (忍法屁話?), histoire parodique de ninja. Il y eut comme assistant Ryōichi Ikegami, puis dans la suite de sa carrière Takao Yaguchi et Yoshiharu Tsuge, entre autres.

En 1991, il a publié une œuvre courte intitulée War and Japan (Guerre et Japon) publiée dans The Sixth Grader, un magazine populaire de divertissement pour jeunes enfants, détaillant les atrocités commises par l'armée japonaise pendant son incursion en Chine et en Corée. La narration est assurée par son personnage Nezumi Otoko. Cette œuvre sert de contrepoint puissant aux mangas révisionnistes comme les ouvrages de Yoshinori Kobayashi. Elle a aussi été pour Mizuki un exutoire pour exprimer sa colère face à ceux qui ont été victimes des Japonais.

En 2003, il est retourné à Rabaul pour renouer des liens avec les natifs qu'il avait rencontrés pendant la guerre.

En 2005, Shigeru Mizuki a fait une apparition avec un rôle furtif dans le film Yōkai Daisenso (La Grande Guerre des Yokai) dirigé par Takashi Miike, une œuvre sur les monstres inspirée par son travail. Plusieurs de ses personnages font des apparitions brèves. Une courte explication au sujet de ses œuvres est aussi abordée dans le film.

En 2010, NHK, chaîne télévisée japonaise, a diffusé un asadora, une série télévisée matinale au sujet de sa vie maritale, Gegege no nyōbō (ゲゲゲの女房?), basée sur l'autobiographie de sa femme.

Il est mort le lundi à 93 ans[5].

Ouvrages en français[modifier | modifier le code]

  1. Mon copain le kappa,  ;
  2. Kappa et compagnie,  ;
  3. Moi, la mort et Kappa, .
  • Hitler, Cornélius 2011, one shot.
  • La Vie de Mizuki, Cornélius :
  1. L'Enfant, 2012 ;
  2. Le Survivant, 2013 ;
  3. L'Apprenti, 2014.
  • Yôkai, collection Blaise, Cornélius, 2017.
  • À l'intérieur des Yôkai, collection Solange, Cornélius, 2018.

Postérité[modifier | modifier le code]

Route Mizuki à Sakaiminato.

Shigeru Mizuki reçoit au Japon le prix du manga Kōdansha en 1965 pour Terebi-kun (テレビくん?) et en 1989 pour Shōwa-shi (昭和史?). En France le jury du festival de la bande dessinée d'Angoulême lui a attribué le prix du meilleur album pour NonNonBâ en 2007[7], et le prix patrimoine pour Opération mort en 2009. En 2010, il reçoit le prix de la personne de mérite culturel[8]. Il reçoit également plusieurs distinctions japonaises comme le Shi-ju Hōshō en 1991 et l'Ordre du Soleil levant en 2003[1]. Aux États-Unis, l'édition américaine d'Opération mort reçoit le Prix Eisner de la meilleure édition américaine d'une œuvre internationale (Asie) en 2012.

Sakaiminato, sa ville natale située face à la mer du Japon, a su tirer profit du succès de l'enfant du pays. Autrefois réputé pour sa pêche de crabes, le port a transformé son activité sur le déclin en économie touristique florissante. Désormais, 120 statues de bronze à l'effigie de yōkai bordent les 800 mètres de son avenue principale, rebaptisée la Route Shigeru Mizuki (水木しげるロード, Mizuki Shigeru Road?), et mène à un musée consacré au maître Mizuki Shigeru kinenkan (水木しげる記念館?, « mémorial Shigeru Mizuki »)[1]. Ces attractions drainent près d'un million de touristes par an. Les autorités locales sont allées jusqu'à ériger l'univers animé de Mizuki en religion, en élaborant un guide de ses « esprits » et de leurs pouvoirs présumés, comme le don du bonheur ou de la réussite.

Une rue de Rabaul en Papouasie-Nouvelle-Guinée porte également son nom depuis 2003[1].

Le premier épisode de la deuxième saison d’Assassination Classroom évoque très rapidement le nom de Shigeru Mizuki

Récompenses[modifier | modifier le code]

Mizuki a reçu de nombreuses récompenses et distinctions pour ses œuvres, notamment Kitaro le repoussant.

Prix posthumes
  • 2016 : prix Eisner de la meilleure édition américaine d'une œuvre internationale (Asie) pour Showa 1953-1989: A History of Japan.

Sources[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d (en) « War and Japan: The Non-Fiction Manga of Mizuki Shigeru » (consulté le ).
  2. Marius Chapuis, « Shigeru Mizuki, hanté rieur », Libération, 3 décembre 2015.
  3. Frédéric Potet, « Mort du mangaka Shigeru Mizuki, raconteur de l’indéchiffrable », Le Monde, 30 novembre 2015.
  4. Yoshihiro Tatsumi, Une vie dans les marges, Cornélius, 2011
  5. Frédéric Potet, « Mort du mangaka Shigeru Mizuki, raconteur de l’indéchiffrable », sur lemonde.fr, .
  6. « Le dernier Kitaro », sur cornelius.fr, .
  7. Mattéo Sallaud, « BD : au festival d’Angoulême, le prix du meilleur album prend du poids chaque année », Sud Ouest,‎ (lire en ligne)
  8. (ja) « 平成22年度 文化功労者 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), MEXT (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en + de + fr + ja) Masanao Amano, Manga Design, Cologne, Taschen, coll. « Mi », , 576 p., 19,6 cm × 24,9 cm, broché (ISBN 978-3-8228-2591-4, présentation en ligne), p. 486-489
    édition multilingue (1 livre + 1 DVD) : allemand (trad. originale Ulrike Roeckelein), anglais (trad. John McDonald & Tamami Sanbommatsu) et français (trad. Marc Combes)

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes[modifier | modifier le code]